Comment exister en ces temps difficiles ? Cela appelle à une double prise de conscience :



1.
Notre responsabilité pour le Bien Commun
tout en respectant, les autres, leur autonomie et leur droit de vivre la liberté…. L’autonomie met en jeu la conjugaison des libertés pour le Bien Commun de tous. Notre autonomie est toujours liée à d’autres autonomies et ne doit pas supprimer la créativité, l’inventivité et la liberté individuelle. L’accompagnement, c’est l’histoire de deux autonomies… Or, la capacité à l’autonomie de la personne âgée est souvent mise de côté d’où la question : la vieillesse est-elle une perte d’autonomie ou un état de dépendance ? Il y a des fragilités auxquelles il faut suppléer. Exemple : le téléphone, ce Monsieur âgé sait téléphoner mais il ne peut pas le recharger…

2. La liberté et l’obéissance sont souvent vues comme « contradictoires » dans la vie religieuse. Or une autonomie reliée à une parole, (Parole qui est au-delà de moi…) mène à une plus grande liberté. Par le confinement, nous avons découvert ce qui a été mis en lumière : des inégalités, des isolements, de tout genre : aussi bien pour des personnes âgées que pour les aides-soignants etc… On avait oublié les « oubliés ! »

Ce que nous ferons pour l’avenir ? Partons de deux textes bibliques (Gn …) figurant le confinement pour une sortie dans l’alliance nouvelle. L’arche de Noé : le temps du déluge équivaut au temps du confinement puis à une sortie…… Et celui de Lazare : Jésus, interpellé par ses sœurs, va le dé-confiner […]

– Nous allons sortir de notre confinement actuel. Ce que nous ferons sera au nom de l’humanité. La vie sera enrichie de la vie du Ressuscité… Le confinement, en ébranlant notre vie, nous envoie vers les profondeurs de nos vies aux profondeurs du « Vivre ».

– Nous sommes une communauté d’ébranlée, mais parce qu’elle va en profondeur, elle peut reprendre autrement sa sortie dans la vie et dans l’autonomie. Il n’y a plus de premier de cordée. On ne peut oublier les courants de base, des petits. L’essentiel est dans l’envers de la vie si nous voulons partir dans l’alliance.

Il nous faut accepter nos différences, et cesser, par respect, d’ignorer les différences des âges de la vie. Il y a une différence dans les forces de la vie mais la Force, c’est la conjugaison de toutes ces forces de vie.

Autre ébranlement : la gestion économique provoquait des fragilités dans ce monde et nous pose la question : qu’est-ce qui est essentiel dans notre vie ? Qu’est-ce que nous avons envie de vivre qu’est-ce qu’aller au plus profond du Vivre ?

Autre ébranlement : le grand âge et son accompagnement n’est pas seulement vivre physiquement mais c’est d’être un corps en relation et en communication avec d’autres humains. Ensemble nous sommes « notre corps » : corps qui s’abîme et en même temps ce corps, nous l’accompagnons.


Le « Vivre humain » est une conjugaison d’autonomies
. Il y a dans le « vivre » l’acceptation du risque, de l’accident. Il y a aussi le risque « solidaire ». C’est ça l’accompagnement, ça m’engage. Il faut incarner ma vie avec Dieu, ma vieillesse avec Dieu. Notre vie intime avec le Seigneur ne peut se développer sans la communion avec la vie intérieure des autres. Célébrer notre vie de Foi en relation avec les autres. La vie spirituelle passe par son lien avec d’autres chrétiens. C’est cela l’Eglise.

La vie de Foi trouve son incarnation dans la vie de tous, dans les inégalités des âges et de nos vies. Le temps du confinement a ébranlé nos Congrégations. L’inégalité des vies se traduit aussi géographiquement. Nous devons nous garder du risque d’oublier les oubliés. L’ajustement à soi est un long apprentissage de la confiance partagée : « assez de confiance en soi pour faire confiance à l’autre ». L’enjeu de la vie commune est d’avancer dans la confiance. J’ai besoin d’être changé par la conversation avec l’autre. Dans notre relation avec la personne âgée, c’est justement ce qui est à retenir car elle risque de nous dire quelque chose qui nous mettra en cause. Une conversation, ça change. L’eucharistie est la célébration de notre commune communion de la Foi. La théologie est à écrire à travers les témoignages de ces jours à vivre.

                                                                                                                     Sœur Isabelle-Marie