Caroline Vidal au sein d'une équipe de France aux résultats historiques en Grèce.

Pensez-vous que des gens avec un handicap auditif ne sont pas au courant que le tennis sourds et malentendants existe et qu’il faut davantage communiquer sur le sujet ?

Absolument, beaucoup ne sont pas au courant ! Y compris les entendants d’ailleurs. Bien évidemment, il faut davantage communiquer sur l’existence du tennis sourds et malentendants, et à tous les niveaux, mais pas que.
Une fois sélectionnée dans l’équipe de France, en parlant avec des joueurs et entraîneurs dans les clubs, je me suis rendue compte que la plupart connaissaient un des joueurs de l’équipe de France, qui vient du département voisin.

Pour autant, aucun ne savait qu’il était en équipe nationale et avait un palmarès important. Pendant les six mois de ma recherche, aucun n’a donc eu le réflexe de me mettre en contact avec lui.
Je pense qu’il est donc important de communiquer sur l’existence du tennis sourds et malentendants mais également sur les résultats de l’équipe de France qui ramène des médailles chaque année.

Vous avez participé à l’exhibition sourds et malentendants à Roland-Garros 2023 et vous avez encadré l’animation pour sensibiliser le grand public au tennis sourds et malentendants. Que retenez-vous de cette expérience ?

Cette sensibilisation était intéressante et a permis aux personnes de se rendre compte par eux-mêmes des différences sensorielles. Nous les avons mis en condition d’une perte auditive légère avec bouchons d’oreilles et casque anti-bruit.
Ils ont ainsi pu découvrir qu’entendre du bruit ne voulait pas dire comprendre ce qui était dit, que les sensations à la frappe de la balle étaient différentes et décuplées quand on n’entendait pas ou mal, qu’ils n’arrivaient pas à comprendre et se faire comprendre de leur partenaire, …

Leurs retours étaient spontanés et certains ont pu nous dire ‘Je ne pensais pas que c’était si difficile’. C’est en l’expérimentant que l’on réalise qu’il y a une réelle différence de jouer en étant entendant ou en étant sourd.
Cette exhibition m’a donné l’envie de réaliser une animation dans mon club afin de sensibiliser le plus grand nombre et de communiquer sur l’existence du tennis sourd. Elle aura lieu le samedi 18 novembre de 14h à 16h au TC du Barrou et est ouverte à tous, quel que soit le niveau de tennis.

L’équipe de France sourds-malentendants championne du monde !

Quels sont vos objectifs sportifs à court et moyen termes ?

Je me prépare pour les championnats d’Europe en 2024, où je souhaite décrocher un titre en double, et pour les Deaflympics en 2025. Pour cela, je compte participer aux différents Open internationaux.

J’ai pu bénéficier d’un entretien avec Alexandra Fusai, responsable des suivis socio-professionnels. Nous envisageons la mise en place d’un CIT afin d’avoir du temps dégagé pour participer aux compétitions internationales.

Je souhaite améliorer mon classement français mais c’est difficile de « matcher » sur les deux circuits en même temps. Après ma sélection en février dernier, j’ai privilégié le circuit sourd pour avoir le meilleur classement possible avant les championnats du monde, à la fois pour éviter les grosses têtes de série au premier tour, mais également pour améliorer le classement de l’équipe.

(Recueilli par Emmanuel Bringuier) – Deuxième partie