Les Pères de l’Église et les grands docteurs, dans les homélies et les discours qu’ils ont adressés au peuple pour la fête de l’Assomption, en ont parlé comme d’une vérité déjà connue et admise par les fidèles. Ils l’ont expliquée plus clairement, ils en ont approfondi la signification et la portée. Surtout, ils ont mieux mis en lumière ce que les textes liturgiques n’avaient que brièvement indiqué : cette fête ne rappelle pas seulement que le corps inanimé de la Vierge Marie n’a subi aucune corruption, mais aussi qu’elle a triomphé de la mort et qu’elle a été glorifiée dans le ciel, à l’exemple de son Fils unique Jésus Christ. […]
Elle qui avait contemplé son Fils cloué à la croix et qui avait reçu dans son cœur le glaive de douleur qui lui avait été épargné dans l’enfantement, il fallait qu’elle le contemple trônant avec le Père. Il fallait que la Mère de Dieu possède ce qui appartenait à son Fils, et qu’elle soit honorée par toutes les créatures comme la Mère de Dieu et sa servante. » ~
Il faut surtout se rappeler que, dès le deuxième siècle, les Pères nous présentent la Vierge Marie comme la nouvelle Ève, soumise au nouvel Adam, mais très étroitement unie à lui dans le combat contre l’ennemi infernal. Ce combat, tel qu’il est prédit dans le Protévangile (Gn 3, 15), devait aboutir à la victoire totale sur le péché et sur la mort, qui sont toujours rattachés l’un à l’autre dans les écrits de saint Paul. Par conséquent, puisque la résurrection glorieuse du Christ fut l’acte essentiel et le trophée ultime de cette victoire, le combat livré par la Vierge Marie et son Fils devait trouver sa conclusion dans la glorification de son corps virginal. Comme dit encore l’Apôtre : Lorsque ce qui est mortel en nous revêtira l’immortalité, alors se réalisera la parole de l’Écriture : La mort a été engloutie dans la victoire.
Ainsi la Mère de Dieu, unie à Jésus Christ d’une manière mystérieuse, « dans un seul et même décret » de prédestination, immaculée dans sa conception, parfaitement vierge dans sa maternité divine, généreuse collaboratrice du Rédempteur, a remporté un triomphe total sur le péché et ses conséquences. Pour finir, elle a obtenu, comme couronnement suprême de ses privilèges, d’être préservée de la corruption du tombeau. À la suite de son Fils, après avoir vaincu la mort, elle a obtenu d’être élevée, corps et âme, à la gloire suprême du ciel, pour y resplendir, en qualité de Reine, à la droite de son Fils, le Roi immortel des siècles.
CONSTITUTION APOSTOLIQUE DE PIE XII