Méditation d’Isaïe 35, 1-6a.10
« La venue du messie est imminente.
Elle nous apporte allégresse et joie. «

Le troisième dimanche de l’Avent est appelé le dimanche de « Gaudete », de la joie. Nos regards sont tournés vers le Sauveur. Il vient bientôt. Encore une fois, le texte extrait du livre du prophète Isaïe est parsemé d’images. Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Dans la tradition biblique, le désert est une terre aride et dépourvue d’eau. Le désert est le lieu des tentations, des épreuves et des souffrances. Il est aussi le lieu de solitude où Dieu se révèle. Saint Antoine l’ermite en a fait l’expérience. Dans le manque, Dieu se manifeste. Le désert évoque ici non seulement la sécheresse matérielle, financière et sécuritaire, mais également la sécheresse spirituelle.
Aujourd’hui comme autrefois, notre monde fait l’expérience de la sécheresse spirituelle. Notre monde globalisé s’écarte de plus en plus du Transcendant ou de Dieu. Pourtant, notre terre aussi a soif et faim de justice. Dans cette perspective, Isaïe nous révèle que Dieu lui-même vient nous sauver. Il n’envoie plus de prophètes. Dieu prend l’initiative de sauver son peuple. Le messie qui vient rend le désert de notre vie fertile et prolifique. Il transforme le désert de notre existence en une terre verdoyante et cultivée. Il vient étancher notre soif et assouvir notre faim.

Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs. Nous le savons bien, la fleur rose est belle à regarder, mais elle se fane dans un lapse de temps faute d’eau. Bien qu’elle se sèche vite, l’odeur de son parfum est agréable. Certes, il y a encore de quoi espérer. C’est curieux de constater que le prophète parle au présent. C’est dire que la venue du messie est imminente. Elle nous apporte allégresse et joie.
Le prophète Isaïe est réputé avoir prononcé des oracles messianiques. Ses oracles sont accompagnés des promesses du salut. Une des questions les plus débattues dans le livre d’Isaïe est l’identité du messie. Certains pensent que le messie apporte des réponses et des solutions immédiates. Pour d’autres, il vient libérer Israël sous l’égide des Romains. En effet, les Hébreux se lassent d’attendre un tel messie. Ils se découragent. Ils s’affolent. Isaïe affirme que c’est pour bientôt. Ceux qu’a libérés le Seigneur, ils reviennent. Le désert sera comparable aux trois paysages du Proche-Orient ancien : les montagnes du Liban, les collines de Carmel, la plaine côtière de Sarone. Ces paysages sont beaux à contempler.
Au verset 5, la phrase « voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu » peut nous déconcerter. Dieu ne se venge pas des hommes, il ne prend pas sa revanche contre les hommes, mais contre le mal qui est en eux. Sa revanche est la suppression du mal. Dieu vient nous libérer et nous relever de tout mal. Dieu vient nous franchir de tout ce qui nous emprisonne. Dieu nous conduit de la servitude à la libération. Isaïe encourage les fils d’Israël déportés en exil à Babylone. Vivre en exil, c’est vivre loin de Dieu. Dieu fait revenir les Hébreux dans leur pays. Revenir chez soi procure la paix et la sécurité. L’œuvre du salut, c’est la gloire de Dieu. Cette gloire s’obtient dans la patience. La patience rhume avec l’espérance.
Le message d’Isaïe ravive l’espérance des Hébreux. L’exil n’est pas la fin en soi. Fortifiés les mains défaillantes, affermissez, affermissez les genoux qui fléchissent. Le retour de l’exil est comparé au printemps, car pour Israël, il s’agit d’une nouvelle création. Isaïe encourage celles et ceux qui ont perdu toute espérance. Alors s’ouvriront les yeux aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. Le Seigneur vient nous guérir de notre cécité, de notre surdité et de tout ce qui nous paralyse. C’est le passage de la servitude à la libération. Au seuil de ce temps de l’Avent, nous sommes appelés à découvrir Dieu tel qu’Il est, mais pas tel que nous l’imaginons.
- Dans les moments sombres de ma vie, comment puis-je découvrir Dieu qui me tend la main ?
- À quel point je transmets la joie de l’avènement du messie à ceux ou celles que je fréquente ?
Père Benjamin (Prémontré)