Le dessein de Dieu notre Sauveur en faveur de l’homme consiste à le ramener de son exil, à le faire revenir dans l’intimité de Dieu en le tirant de l’éloignement causé par sa désobéissance. Telle est la raison de l’avènement du Christ dans la chair, de ses exemples de vie évangélique, de ses souffrances, de sa croix, de son ensevelissement, de sa résurrection : que l’homme, sauvé par l’imitation du Christ, recouvre l’adoption filiale des origines.
Il est donc nécessaire, pour une vie parfaite, d’imiter le Christ non seulement dans les exemples de douceur, d’humilité, de patience, que l’on trouve dans sa vie, mais aussi dans sa mort elle-même, comme le dit saint Paul, l’imitateur du Christ : Reproduire en moi sa mort, dans l’espoir de parvenir, moi aussi, à ressusciter d’entre les morts.
Comment donc lui ressembler dans sa mort ? En nous ensevelissant avec lui par le baptême. Mais de quelle manière s’ensevelir ? Et quel avantage tirer de cette imitation ? D’abord, il est nécessaire de briser le cours de la vie passée. Cela est impossible à moins de renaître, selon la parole du Seigneur. La seconde naissance, comme le mot l’indique, est le commencement d’une autre vie. Si bien que, pour commencer cette autre vie, il faut mettre fin à la précédente. Dans la double course du stade, un arrêt, un léger repos sépare l’aller du retour ; de même, lorsqu’on change de vie, il paraît nécessaire qu’une mort intervienne entre les deux vies pour mettre fin à ce qui précède et faire commencer ce qui vient ensuite.
Comment donc réussir à descendre au séjour des morts ? En mimant l’ensevelissement du Christ par le baptême. En effet, le corps du baptisé est en quelque sorte enseveli dans l’eau. Par conséquent, c’est l’abandon d’une vie selon la chair que le baptême suggère symboliquement. Comme dit l’Apôtre : Vous avez reçu une circoncision où la main des hommes n’est pour rien, et qui vous a dépouillés du corps charnel : c’est la circoncision venue du Christ ; vous avez été ensevelis avec lui par le baptême. Le baptême purifie l’âme, pour ainsi dire, de la souillure venue des pensées charnelles, ainsi qu’il est écrit : Tu me laveras, et je serai plus blanc que neige. ~ C’est pourquoi nous ne connaissons qu’un seul baptême qui donne le salut, puisqu’il n’y a qu’une seule mort pour le rachat du monde et une seule résurrection des morts, et que l’une et l’autre sont figurées par le baptême.