Méditation d’Isaïe 2, 1-5
« La prophétie d’Isaïe s’inscrit dans le registre du messianisme
qui proclame la venue du sauveur. »

Le nom d’Isaïe appartient au même champ sémantique que ceux de Josué (Yoshua) et Jésus. Il signifie « Yahweh sauve ». La prophétie d’Isaïe s’inscrit dans le registre du messianisme qui proclame la venue du sauveur. Isaïe prophétise au 8e siècle avant notre ère, précisément en 734. Sa prophétie semble ancienne, mais d’actualité. Dans un langage à double image, Isaïe fait l’oracle de ce qu’il a vu au sujet de Juda et de Jérusalem.
La première image est celle de la montagne de la maison du Seigneur qui sera placée au-dessus des montagnes et dominera les collines. Des pèlerins montent vers le Temple de Jérusalem au moins trois fois l’an pour célébrer de grandes fêtes, notamment la Pâque juive, la fête de Soukkôt (tentes), la fête de nouvel an Rosh Hashana appelée aussi Yom kippour (jour du Grand Pardon). Dans cette foulée, Isaïe proclame que « dans les derniers jours », des peuples nombreux, une foule immense, une marée humaine convergeront vers la lumière du Seigneur, vers la Cité-de-la-paix. Proclamé dans le cadre de la liturgie, cet oracle évoque le Jour où Dieu lui-même rassemblera le peuple immense de celles et ceux qui, durant leur pèlerinage terrestre, auront suivi la loi et les chemins du Seigneur. Jérusalem devient le lieu de ce rassemblement de toutes les nations, langues et cultures. C’est le message du salut universel. Cette vision d’Isaïe concerne l’avenir au-delà de l’horizon : « il arrivera dans les derniers jours ». Certes, le jour annoncé par le prophète se lèvera. Ce jour est imminent et décisif. Dans la tradition biblique, le verbe « se lever » exprime l’adhésion du peuple entier au message de Dieu proclamé par le prophète.
La deuxième image est celle des armes de guerre qui se transformeront en instruments du travail. De leurs épées, ils forgeront des socs de charrue, et de leurs lances, des faucilles. La phrase « on ne lèvera plus l’épée nation contre nation » est une métaphore de la cessation des hostilités. On ne s’entrainera plus pour la guerre. La paix de Dieu sera instaurée à la venue du sauveur. Le Dieu qui vient porte le nom de « Prince-de-la-Paix ». Pourtant, certaines nations vivent dans une atmosphère belliqueuse. Comment se fier à une telle annonce de la paix lorsque sous nos yeux, des millions d’hommes, de femmes et d’enfants meurent à coups de canon ? Comment concevoir l’idée d’un sauveur pacifique face aux violences et aux atrocités de notre temps ? Bien que la paix des hommes soit éphémère, les gens aspirent à quelque chose de meilleur. C’est l’idéal à atteindre. Le psalmiste le confirme :
« Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais » (Ps 121, 7). Ainsi, Isaïe proclame une paix durable et perpétuelle dans un avenir proche. L’avènement du sauveur est bonté, lumière, loyauté et miséricorde. Le Dieu qui vient est celui dont le peuple est un héritage, une famille.
Père Benjamin (Prieuré Saint Norbert – Morvillars)