Moi, je suis le bon pasteur. Il appartient évidemment au Christ d’être pasteur. Car, de même que le troupeau est dirigé et nourri par le pasteur, c’est ainsi que les fidèles sont nourris par le Christ au moyen d’un aliment spirituel et même de son corps et de son sang. Comme dit l’Apôtre Pierre : Vous étiez comme des brebis qui n’ont pas de pasteur ; mais à présent vous êtes revenus vers le pasteur qui veille sur vous. Et le prophète : Comme un berger, il conduira son troupeau.

Mais puisque le Christ a dit que le pasteur entre par la porte et ensuite qu’il est la porte, il en découle nécessairement que lui-même entre par lui-même. Et c’est bien par lui-même qu’il entre, parce qu’il se manifeste lui-même et que par lui-même il connaît le Père. Quant à nous, c’est par lui que nous entrons, parce que c’est par lui que nous obtenons la béatitude.

 

[…] La charité est le devoir du bon pasteur. C’est pourquoi il dit : Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. Car il faut savoir que la différence entre le bon pasteur et le mauvais consiste en ce que le bon pasteur cherche l’avantage de ses brebis, et le mauvais pasteur, son propre avantage. ~

Dans le domaine des réalités corporelles, on n’exige pas du bon pasteur qu’il s’expose à la mort pour le salut du troupeau. Mais, parce que le salut du troupeau spirituel l’emporte sur la vie corporelle du pasteur, lorsque le salut du troupeau est en péril, chaque pasteur spirituel doit accepter la perte de sa vie corporelle pour le salut du troupeau. Et c’est ce que dit le Seigneur : Le bon pasteur donne sa vie — c’est-à-dire sa vie corporelle — pour ses brebis, et cela en raison de son autorité et de sa charité. Il faut en effet l’une et l’autre : que les brebis lui appartiennent, et qu’il les aime, car l’autorité sans la charité ne suffit pas.
Le Christ nous a donné l’exemple de cet enseignement : Jésus a donné sa vie pour nous. Nous aussi, nous devons donner notre vie pour nos frères.

Commentaire de saint Thomas d’Aquin
sur l’évangile de Jean