JEUDI SAINT

Terre cuite Frère A. Gelineau – Abbaye de Tamié
« J’ai ardemment désiré manger cette Pâque avec vous »

Cette bouleversante confession de Jésus que nous rapporte saint Luc, n’est pas enfermée dans le passé. C’est aujourd’hui que Jésus désire ardemment manger cette Pâque avec nous. Le passage de la servitude à la liberté est désormais celui de toute l’humanité, et ce passage, c’est Jésus lui-même dans sa mort en laquelle, le lendemain, il sera glorifié. Et là se trouve aussi le motif du désir ardent de Jésus. Le Jeudi Saint prépare au Vendredi Saint. Le banquet pascal révèle le sens de ce que le lendemain les disciples fuiront.

 Le désir de Jésus est plus que de donner le sens : c’est de se donner lui-même. Au soir du jeudi, Jésus se donne déjà, totalement et librement. Tout est déjà donné : « Ceci est mon corps qui est pour vous. Prenez et mangez…» « Ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, il les aima jusqu’au bout», rapporte le quatrième Évangile. Ce « jusqu’au bout » est déjà donné et il s’accomplira dans la mort et la résurrection de Jésus. Vivre la liturgie du Jeudi Saint, c’est s’ouvrir à ce don pour passer avec Jésus ; mourir nous aussi, pour ressusciter nous aussi.

« Demeurez ici et Veillez avec moi » Après ce repas de la Cène, l’heure de l’épreuve approchant, le Christ se rend au jardin des Oliviers avec les apôtres pour veiller et prier. Le jeudi saint, l’Eglise célèbre la messe « En mémoire de la Cène du Seigneur », puis le Saint Sacrement est déposé au « Reposoir », l’autel est dépouillé, la croix est enlevée et voilée. C’est une nuit d’adoration, les fidèles s’unissent à la prière du Christ ce soir-là, en veillant auprès du Saint Sacrement jusque tard dans la nuit.

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Jésus est le premier à enlever sa tunique pour revêtir l’habit du serviteur. Nous aussi, nous devons nous débarrasser de notre orgueil qui nous empêche de rejoindre le Christ en toute vérité : c’est ce que nous rappelle inlassablement le pape François : une Eglise pauvre au service des plus pauvres. Demandons au Seigneur de nous placer dans cet esprit d’amour et de service afin de transformer le monde autour de nous. Ayons toujours présente en nos cœurs cette parole de l’Evangile : « Jésus, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu’au bout ». Voilà donc deux tables, celle du lavement des pieds et celle de l’Eucharistie. On ne peut séparer la liturgie du service fraternel. L’un et l’autre participent au même élan. Le Christ que nous accueillons en allant communier nous entraîne à nous mettre au service des autres. Lui-même nous a donné l’exemple. Son amour est allé jusqu’au don de sa vie.
                                                                                                                                      Claudine