Méditation : Isaïe 11, 1-10
« un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David,
un rejeton jaillira de ses racines » (Is 11, 1).

Dans une approche historique, Isaïe nous montre que le roi que nous attendons n’est pas désincarné. Il a ses origines. Un rameau sortira de la souche de Jessé. Qu’est-ce que cela signifie ? Lorsqu’un homme abat un arbre fruitier au lieu de le déraciner, il estime qu’il ne veut plus goûter à ses fruits ni s’abriter sous son ombrage. Il n’en reste qu’une souche. Quelques années plus tard, lorsqu’il observe un bourgeon poussé de cette souche, il affirme que l’arbre n’est pas étouffé.
L’annonce du Fils de l’homme par le prophète Isaïe était au cœur de la méditation du premier dimanche de l’Avent. Quant au deuxième dimanche, nous entrons dans le vif de l’attente du Roi-Sauveur. Dans la Bible, l’expression « en ce jour-là » est une temporalité remarquable. Elle est synonyme de « en ce temps-là, en ce moment-là ». L’Avent est un moment favorable que les Grecs appellent « ĸαίρος ». Le prophète Isaïe nous parle de la venue du futur roi d’Israël. Le roi qui vient est issu d’une souche, d’une trame, d’une généalogie, précisément de la lignée de David : « un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines » (Is 11, 1).

Ses racines n’ont pas séché. L’arbre peut encore pousser parce que la sève circule dans la moelle de cette souche jusqu’aux racines. L’espérance naît de nouveau. Le germe pousse malgré la sécheresse. Un rameau sort de cette souche pour étendre ses branches. Quand tout semble fini et clos, le roi vient soudain réveiller notre foi et notre espérance.

L’Esprit (ruah) du Seigneur reposera sur ce roi. Dans sa première prise de parole dans la synagogue de Nazareth, Jésus dira : « L’Esprit du Seigneur est sur moi » (Luc 4, 17). C’est curieux de constater que les sept dons de l’Esprit Saint sont évoqués ici : sagesse, intelligence, discernement, conseil, force, connaissance et crainte de Dieu. Le ruah vivifie, vitalise, régénère, purifie. Au plus secret de nos vies, l’Esprit Saint reposera. Il donnera la sève à nos racines qui symbolisent nos traditions, nos habitudes et nos us et coutumes. Sa sagesse nourrira nos intentions qui surgissent.
Le roi qui vient est le juge impartial. Il ne jugera pas sur l’apparence. Les sentiments, les émotions, les préjugés et les passions déforment notre jugement. La plupart du temps, nous émettons des jugements d’après ce que nous avons entendu. Pourtant, les apparences sont trompeuses. C’est du vernis, de l’extériorité. Nous prononçons des sentences, des jugements qui peuvent impacter toute la vie du prochain. Dans la même foulée des apparences, parmi les huit fils de Jessé, sept étaient grands de taille. Dieu dit au prophète Samuel de ne pas considérer leurs apparences. Il n’a choisi aucun de ceux-là. Lui, il a plutôt choisi David, le petit, le plus jeune. Va, donne-lui l’onction ! (1 Samuel 16, 1-12). Le roi qui vient regarde le fond de notre cœur, notre intériorité.

Pour montrer que le règne à venir est un règne de paix et d’harmonie cosmique, le prophète choisit le langage imagé. Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau. Le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ours auront le même pâturage. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. L’enfant mettra sa main dans le trou de la vipère sans se faire mordre. C’est l’image d’un monde nouveau et d’une terre nouvelle où les bourreaux et les victimes, les violents et les pacifiques vivent désormais ensemble. Dans notre cheminement vers Noël, nous sommes rassurés que le roi qui va naître est rassembleur.
- Que me faut-il pour promouvoir la paix ?
- Comment je me prépare à recevoir le Roi-Sauveur ?
Père Benjamin